Le Chepson

Un petit topo sur le quartier.

Installé depuis un quart de siècle, j'ai eu l'occasion de parler avec les plus anciens de leur vie d'antan comme de leurs connaissances sur leur quartier. J'ai aussi mes propres informations à fournir. 
Sur un plan étymologique mais non vérifié, je me suis laissé dire que CHEPSON venait de "chesson", endroit fortifié du temps des Nerviens. Ces endroits étaient entourés de palissades construites en bois, si bien que les traces n'existant plus, l'hypothèse est peu sinon pas du tout vérifiable. 
Pic rocheux en partie entamé par l'exploitation de carrières, les maisons qui y furent construites en premier lieu sont évidemment toutes de pierre du pays. 
Feu madame Madeleine Champagnac qui vécut ici pratiquement sa vie durant racontait souvent que son mari avait construit leur maison après la dernière guerre avec des pierres qu'il avait apportées dans une brouette de la carrière tout proche. 
Trois chemins desservent le quartier du CHEPSON: la rue du Chepson, le chemin de Maupelin (ou Malpelin) et le chemin du Cortil-Brûlé. Ces derniers sont situés sur la crête de la colline, bien à plat, ce qui est loin d'être le cas pour la rue principale qui, sans issue, se présente avec une déclivité telle que les automobilistes préfèrent l'hiver laisser leurs véhicules au sommet. Cette rue donne par ailleurs "en terminus" sur un sentier qui descend au Malpas. 
Le nom de Malpelin n'évoque rien chez les habitants actuels de la rue. Par contre le cortil est comme on le sait le nom autochtone pour "jardin". Au départ, selon d'anciens habitants aujourd'hui disparus, le chemin du Cortil Brûlé était un sentier qui a "rogné" sur les propriétés des riverains pour devenir un chemin communal. Un des riverains m'a affirmé avoir reculé sa clôture pour permettre un passage plus aisé et n'avoir jamais été indemnisé pour ce "don". Ces événements datent bien évidemment du temps du bourgmestre Colon qui régna sur Malonne durant 30 ans. 
Les terrains du Chepson étaient jusqu'au début des années '70 consacrés à la culture de la fraise. Bien exposés au sud-sud-ouest, ils faisaient partie de ces quelques trente hectares d'exploitation fruitière (en ce y compris les vergers) qui étaient répartis ci-delà sur tout le territoire de l'ancienne commune, et dont, disait facétieusement une de mes connaissances elle-même exploitante, seuls 3 à 4 hectares étaient déclarés comme tels. 
Bien en contrebas de la colline, le château. Il est entouré d'un mur d'enceinte bordant en partie d'ailleurs le sentier du Malpas et sur lequel furent adossées, un temps, de grandes et magnifiques serres. Il abrite maintenant plusieurs ménages. A l'entrée, une conciergerie! Elle fut la proie des flammes pour partie au début des années '90, pour autant que je m'en souvienne. Plus bas, toujours dans l'enceinte, la maison du jardinier, élégant petit "cottage" qui servit et sert encore de petit nid à de jeunes couples sans enfant. 
Deux autres "grosses" propriétés occupées respectivement par les familles THORON et JOASSIN s'étalent sur la pente ouest de la colline, tandis que de l'autre s'accrochent les différents bâtiments et pavillons de REUMONJOIE, œuvre de la famille HENDRICK, dont le terrain reste propriété des Frères des Écoles Chrétiennes. 
Et sur le haut, une spécificité. Une vieille demeure dont le défunt propriétaire M. MAGNET m'avait dit qu'elle servit en son temps d'école et était - mais où commence la légende et où finit-elle! - reliée au pensionnat par un souterrain. Sa fille m'a confirmé l'existence d'un orifice dans sa cave complètement bouché par son père qui craignait que son enfant ne s'égare dans un endroit qu'il jugeait très dangereux. Etait ce un refuge, un début de cave, une cachette, ou tout à la fois? Je ne suis jamais personnellement allé sur les lieux, et je communique l'information telle que reçue par les propriétaires du lieu. 
Trois fermettes exploitaient jadis pour partie les campagnes environnantes; l'une a gardé cet aspect rustique et se trouve le long du chemin de Reumont, juste après l'entrée principale de l'IMP quant on gravit la colline. Une autre a été transformée en appartements multiples, tandis que la troisième installée sur ce même plateau a été l'objet d'une étonnante transformation par son propriétaire actuel: elle est à l'heure présente un petit paradis pour enfants. 
La Communauté française par le biais de l'Ecole autonome fondamentale possède sur la crête plane un terrain qui servit au football et au Grand Feu à une époque encore proche; il était auparavant la propriété de la Commune qui avait prévu (avant les fusions) d'y implanter une grande surface. Pour la tranquillité des habitants du Chepson, ce projet fut heureusement abandonné par la Ville de Namur qui revendit ce terrain à la Communauté comme plaine de jeu pour les enfants de l'école dite anciennement de l'État. 
Une piste de pétanque fut construite dans les années '80 par les habitants avec un petit mur de soutènement, juste à côté de l'édifice en pierre qui servait de fontaine pour abreuver les bêtes mais surtout arroser les plants de fraisiers, car l'eau avant 1978 année d'installation d'une nouvelle conduite pour le nouveau lotissement, cette eau y était denrée rare si je puis dire. 
Ce terrain sert surtout actuellement de parking aux locataires des maisons d'en face. D'autant que le propriétaire de la "maison des enfants" a lui-même sa propre piste. 
Une autre particularité est le nombre impressionnant de piscines construites depuis quelques années chez les particuliers. Cela va de la piscine "à Jean-Ba" appelée aussi moqueusement "pédiluve" - car elle est sensiblement plus petite que les autres et se trouve à l'entrée du Chepson - à la piscine complète et super - équipée en passant par de plus modestes certes mais tout autant attractives. Il faut dire qu'à un moment donné, il se trouvait DEUX installateurs de piscines au Chepson même. Si mes comptes s'avèrent exacts et que je n'ai oublié personne, ce n'est pas moins de 12 piscines qui fleurissent au Chepson sur un total de 32 demeures. Le ratio est plus que favorable. 
En 25 ans le paysage "sociologique" a bien changé. 
Chepson était au début des années '70 le refuge de nombreux pensionnés qui furent remplacés au fil des ans par de jeunes couples avec une moyenne de près de 3 enfants. La tendance revient doucement à un équilibre; les pensionnés bien installés dans leur petit coin ne comptent guère le quitter et nos jeunes à l'époque de la mondialisation trouvent du travail ailleurs, les uns au Grand-Duché, d'autres en Suisse ou même aux USA. 
Un afflux de nouveaux habitants avec la création des appartements s'est constaté ces derniers temps. La rotation de ceux-ci fait que tout le monde ne connaît plus tout le monde, loin s'en faut. Il n'en est pas de même avec les propriétaires qui ont tout naturellement tendance à s'implanter dans un milieu social proche. Mais il reste que l'individualisme cher à notre société actuelle fait que le quartier qui a connu des heures de gloire se replie sur lui-même. Trois organisations perdurent: deux soirées d'hiver et d'été, et un week-end en gîtes d'étape l'automne. Il est clair que c'est un bloc d'amis qui gère ces activités plus que des habitants d'un quartier, si bien que pour les nouveaux - venus, rien n'est simple sauf si l'on désire s'intégrer coûte que coûte. Chepson ne participe plus à des activités extérieures tant la vie interne suffit à d'aucuns et que ceux qui la voudraient plus intense restent, me disent-ils sur leur faim, mais sont pris par leurs activités propres. 
Un quartier vit aussi de respect mutuel quant à l'intimité d'un chacun, et je suis de ceux qui croient sincèrement que moins on est "fourré" chez les voisins, moins les cancans ont force de loi, et plus la joie de se voir est sincère et pleine. 
Je n'ai certes pas été objectif au cours de ce petit exposé sur le Chepson, d'autant que je suis devenu un de ses habitants qui lui est le plus attaché. Mais j'y suis heureux dans un cadre qui m'offre un point de vue extraordinaire sur des versants boisés et un calme quasi monacal qui repose le corps mais aussi l'esprit. 
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Lecomte Freddy
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