Qui est le Frère Jacques ?
Il tient à être discret, il a insisté pour que nous parlions d'abord du Sanctuaire et de la communauté dont il fait partie. Nous présentons les quelques passages de son parcours qu'il a bien voulu nous livrer mais ce ne fut pas sans insister !
Il vient d'un village que généralement les femmes connaissent : Dottignies (3 Suisses, Damart) près de Mouscron. Il y est né en 1935 au sein d'une famille chrétienne : son frère est prêtre dans le diocèse de Tournai ; quant à son grand-père maternel, ancien élève du Frère Mutien à Malonne, il est venu lui présenter son épouse en guise de voyage de Noces. Ce fameux grand-père racontait à ses petites-filles les " blagues " faites le soir à l'internat mais il ne voulait pas les raconter à Jacques, son petit-fils, car cela aurait pu le pervertir, pensait-il. L'un de ses oncles a fait ses études à Estaimpuis (école française) en compagnie d'un jeune qui est devenu Frère des écoles chrétiennes en France
C'était donc logique qu'il fasse ses études chez les Frères des écoles chrétiennes : Saint-Luc à Mons.
Quelle est sa formation ?
Il est technicien en machines-outils … avec une telle formation, il était un cas à part lorsqu'il entre au noviciat en 1954 : tous les autres se destinaient à l'enseignement et lui, il avait le diplôme minimum requis. Il était en dehors de la filière. C'est pour cela qu'en 1957, il a dû suivre une session de formation pédagogique à Mons (pour le diplôme " D ") durant les vacances scolaires. L'un de ses professeurs n'était autre que le Frère Anselme, bien connu de certains Malonnois. Il était alors prêt pour enseigner !
Quel est son parcours ?
En 1958, après 2 ans à Saint Luc à Mons, il part en Afrique pour faire son " service militaire " mais ce séjour s'est prolongé jusqu'en 1991. Il y est resté 33 ans en ayant la possibilité de revenir en Belgique tous les deux ans.
Une fois sur place, il est affecté dans une école où il doit remplacer un professeur qui venait de mourir, il donne alors cours de français et religion pendant 6 ans à Léopoldville(Congo) puis il obtient un poste de professeur dans une école technique. Il va changer de lieu en fonction des besoins et des évènements politiques. C'est ainsi qu'il va passer de Léopoldville à Coquilhatville(devenue Mbandaka) puis dans le Bas-Congo à Goma-Matadi. En 1975, il quitte le Zaïre en raison d'évènements pénibles (la nationalisation de l'enseignement) et il part enseigner au Cameroun mais, au bout de 2 ans, il est en désaccord avec le système scolaire français et il retourne à Kinshasa. Là, les Frères des écoles chrétiennes avaient repris en mains leurs écoles et le travail ne manquait pas.
En 1991, lorsqu'il rentre en Belgique, il ne venait que pour un an, le temps de prendre un peu de repos et d'attendre une nouvelle mission mais il n'y est plus retourné car d'autres choses l'attendaient par ici.
Il est appelé à Malonne pour remplacer un Frère dans l'A.S.B.L. " Sanctuaire du Frère Mutien-Marie de Malonne ". Cette situation ne devait peut-être pas durer mais il y est encore et il a fait sa place ! Il utilise encore ses compétences de technicien pour essayer de réparer les pannes en tout genre dans le grand bâtiment de cette A.S.B.L.
Présentation de la Communauté du Sanctuaire Frère Mutien Marie.
C'est une petite équipe qui se compose de 4 personnes :
le Frère René est sacristain et s'occupe de l'accueil des groupes néerlandophones,
le Frère Jacques est secrétaire, il s'occupe de l'accueil et des archives
La sœur Anastasie Makela
Marie-Hélène est présente à l'accueil au magasin, elle est employée par l'A.S.B.L.
Ensemble, ils gèrent les installations du Sanctuaire :
la Chapelle où se trouve le tombeau du Frère Mutien (20/03/1841 - 30/01/1917) ainsi que la chapelle Saint-Berthuin
- l'exposition et le montage audio-visuel
- le magasin
- les alentours.
Et l'accueil des pèlerins, c'est leur affaire ! Les Frères écoutent et guident les pèlerins dans leurs démarches de demandes d'aide ou de remerciements pour une grâce obtenue. Toutes ces rencontres sont différentes ; qu'il s'agisse de groupe, de personne seule ou bien d'une famille ; que ce soit préparé, organisé ou spontané. Toutes ces rencontres sont chargées d'émotion : la tristesse, le doute, la joie, l'espérance mais aussi la colère voire-même la haine. Il n'y a pas deux journées identiques et chaque personne qui se présente au Sanctuaire reçoit toute l'attention qu'elle mérite. Les Frères ont un certain feeling pour sentir là où il y a quelque chose qui peut bouger, qui peut changer dans la vie du pèlerin. Ils trouvent quelque chose à dire dans chaque situation et celle qui leur semble la plus dure c'est le candidat au suicide.
Le Frère Jacques nous explique ce qui le pousse, ce qui lui permet d'aider les autres : "En quelque sorte, nous sommes des fils téléphoniques par lesquels le message vient de Dieu. Plusieurs fois, lorsque j'étais professeur, des élèves sont venus me dire que je leur avais dit telle chose, tel jour … je ne me souvenais pas, j'étais le premier étonné de leur avoir dit telle chose comme si ce n'était pas moi mais Dieu qui avait trouvé les mots. Nous sommes des hommes de prière. Nous sommes des instruments entre les mains de Dieu, disait Bernanos. Dieu a besoin des hommes ". Ce que nous comprenons, c'est que le Frère est un lien entre Dieu et le pèlerin , il doit être humble car c'est grâce à Dieu que le message existe et ce n'est pas l'œuvre de la personne des Frères mais de Dieu.
Tous les témoignages sont écrits dans des grands cahiers et font souvent l'objet d'une retranscription dans la revue " Les Amis du Frère Mutien " dont s'occupait personnellement le Frère Pierre EUL. C'est au cours d'une réunion que les articles sont choisis. Cette revue trimestrielle est éditée en 1200 exemplaires et c'est le Frère Jacques qui s'occupe des abonnements et de l'expédition.
Le travail de secrétaire comprend aussi une partie importante, c'est tout le courrier qui arrive au sanctuaire : toutes les lettres sont conservées et classées depuis 1920 … les classeurs couvrent 21 mètres d'étagères ! En 1925, soit 8 ans après le décès du Frère Mutien, à la suite d'une lettre épiscopale qui demandait de communiquer la correspondance écrite par le Frère Mutien ou des témoignages de faits vécus avec lui, 1642 courriers sont parvenus au secrétariat de l'époque. Toutes ces archives proviennent du monde entier.
A l'accueil, il y a beaucoup de tristesse quand des malades viennent demander au Frère Mutien de les recevoir bien vite afin d'abréger leurs souffrances. Hélas, c'est aussi une très grande tristesse quand les enfants sans cheveux … certains malades et aussi certains pèlerins fidèles au Sanctuaire ne reviennent plus.
Le magasin est un lieu de rencontre où les pèlerins trouvent une personne à laquelle ils confient leurs questions, leurs réflexions ou le récit de ce qu'il leur arrive. Ces pèlerins reçoivent des images reliques, une petite biographie dans différentes langues, achètent des médailles, des souvenirs et la revue du Sanctuaire
(Cet article a été écrit en 2003. Depuis, les frères Serge et Pierre ont quitté la communauté pour rejoindre le frère Mutien.)