Les choses de la vie

Maintenant que le sort en est jeté et que notre rencontre est programmée, si nous jurions, ma mère, qu'un jour nous arriverons à nous parler ? Tout se liguera pour nous en empêcher, nos mauvais caractères, nos orgueils, nos mal-adresses, nos âges, nos blessures, nos pudeurs. Mais à travers nos disputes, nos bouderies, que nous n'étouffions pas cette voix qui crie en nous : "J'ai des paroles pour toi. Après ce que nous avons vécu ensemble, comment pourrait-il se faire qu'un jour nous soyons à court de mots pour nous dire que nous n'avons pas oublié ces neuf mois."
Ces paroles furent le point de départ de la création de ce spectacle fort bien réussi. Trois textes ont été combinés pour le former : "Pour qui sont ces enfants qui hurlent sur nos têtes" de Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux, "9 mois de la vie d'un fœtus" et " les 10 âges de Lise" de Jacques Henrard.
Les extraits se succèdent dans une belle homogénéité en suivant le cours d'une, de deux vies. Après un prologue suivi d'un ballet d'entrée, voici la conception de Martial et le début d'une grossesse. Pendant la première partie du spectacle, nous allons voir arriver la naissance de Martial en alternant son point de vue de fœtus, dans le ventre maternel, et celui, vu de l'extérieur, de sa maman. Après cette première naissance, la vie continue en thèmes variés (la déclaration de nais-sance - les difficultés de couple - l'arrivée d'un second - l'anniversaire de mariage - les rêves - les vacances - papa a fait du sport - ne vaudrait-il pas mieux se séparer pour que nos enfants soient "normaux" ? etc.). Le spectacle se clôture par une scène faite de courtes réflexions à l'image de l'ensemble : tantôt tendres, tantôt cruelles, tantôt comiques.
Que retenir ? Chaque année, les élèves de Saint-Berthuin nous régalent mais cette année est un excellent cru. On ne s'ennuie pas une seconde. On passe du grave au grinçant ou au comique (pour lequel on épingle les deux scènes à l'état civil et le deuxième accouchement). La mise en scène est très imaginative dans sa sobriété ; par exemple, rien que la disposition de la scène où l'espace "chambre" est à hauteur de premier étage. La succession des scènes amène une très grande homogénéité, nous l'avons dit ; elles sont entrecoupées de chansons judicieusement choisies en fonction du thème. Les deux plus belles, à mon sens, restent "Mistral gagnant" de Renaud et "Tout le monde" de Carla Bruni. Quelques danses aussi contribuent à la variété. On vous le dit, qu'on ne s'ennuie pas une seconde !
Et les acteurs, dans tout ça ? En sortir un du lot est chose impossible. Tous étaient impeccables. S'il y a eu des trous de mémoire ou des incidents techniques, le public n'y a vu que du feu. On félicitera donc Michel, Pauline, Tom, Maxime, Sébastien, Frédéric, Théodora, Sophie, Thomas, Philomène, Sylvie et Monika. Bravo aussi au service technique, qu'il ne faut certes pas oublier : Emilie, Tatiana, Fanny, Ibrahim et Rémy. Les jeunes acteurs ont fait aussi applaudir Pierre Stassin, Christiane Bollen et Paulette van Wambeke.
Bravo les jeunes ! L'année s'achève pour vous et nous, on attend déjà la version