Jeunesse.
Le Frère René est né le 15 avril 1928 à Peer
(Limbourg). La famille a compté 11 enfants. Il se souvient de certaines
longues soirées d'hiver
Après le chapelet récité
par la maman, les enfants se détendaient à l'aide de différents
jeux de société. Un soir, regardant des images mortuaires
classées dans une grande boîte, il demanda
à sa maman qui tricotait : " Qui est cette personne ? "
C'était la photo d'un frère des Ecoles Chrétiennes
: soutane noire, rabat blanc
" Jamais vu ! " Elle expliqua
que c'était son frère Henri, mort à Malonne, sous-directeur
de l'Institut. Elle ajouta : " En mourant, il me disait : parmi tous
vos garçons, n'y en aurait-il pas un pour me remplacer auprès
des jeunes ? " Et René de répondre : " Oh ! moi
je veux bien, j'aimerais me consacrer aux enfants. On en reste là.
Bien du temps après, maman me demande : René, veux-tu vraiment
te consacrer aux enfants ? "
Engagement - études
" J'ai répondu oui et me voilà bientôt embarqué
pour mes études à Ciney puis à Louvain où
je fus diplômé instituteur ".
Tout en enseignant, le frère René prépare l'examen
pour obtenir le diplôme néerlandais car, en 1951, à
Louvain (Leuven), on enseignait le matin en français et l'après-midi
en néerlandais ! En 1958, il rejoint la communauté de Rochefort
pour y tenir la classe de 6è pendant deux ans. Et en 1960, départ
vers Binche ; là aussi, une classe de 6è mais ,en plus,
il devait s'occuper du Patro, de " La Clique " (musiciens) et
- surtout ?- il pouvait participer au Carnaval !
En 1963, il termine son second noviciat à Bordighera (Italie) où
il reçoit son obédience pour le Zaïre (l'actuel Congo).
Apostolat en Afrique.
Vingt-cinq années passées en pleine forêt équatoriale
! D'abord à Itipo, comme directeur de la communauté, de
l'école normale et conseiller pour toutes les petites écoles
des villages. Grâce au Frère Herman Bijssens (architecte,
entrepreneur
), Frère René a pu gérer la construction
d'une grande école primaire de douze classes, d'un internat comprenant
infirmerie, deux dortoirs, salle de douches (tuyaux percés donnant
un jet d'eau !), toilettes et salle de jeux de société.
En 1965, à Inongo, René est arrêté et condamné
à mort par les troupes révolutionnaires d'un blanc : Chram
! Mais tout se termina bien
En 1975, le Président Mobutu renvoya tous les missionnaires. C'est
ce qui a amené le frère à Malonne. Il nous dit avoir
eu la joie de travailler comme directeur à l'Ecole Primaire d'Application
St-Berthuin pendant un an. " Plus d'un instituteur de ce temps-là
est encore à l'école ou pensionné et nous nous voyons
régulièrement ".
1976 : Mobutu rappelle les missionnaires ! Nouveau départ pour
Mbandaka. En plus de la direction de cinq classes secondaires et de trois
écoles primaires avec une population de 600 élèves
chacune, il devait assurer des cours de français dans le secondaire.
Chargé de l'école primaire le " Haut lieu " -
parce que Mobutu y avait été élève - il fut
appelé plus d'une fois au bateau du président pour régler
l'un ou l'autre problème. Et une seconde fois, le frère
Herman est venu l'aider pour construire ou reconstruire les écoles.
Mais le 23 janvier 1989 le Frère René doit quitter le Zaïre
à causes de sérieuses difficultés avec certaines
autorités.
Retour à Malonne.
Pourquoi Malonne ? " Parce que j'ai rejoint mon parrain de prise
d'habit (1946) : le frère Mathieu (Jean Peeters), directeur de
la communauté.
Pour quoi faire ? Premier objectif : remettre en état la chapelle
de l'institut. Elle était quelque peu abandonnée, avait
servi comme théâtre, salle d'expositions
Elle est
actuellement un lieu d'accueil des pèlerins qui reconnaissent que
la prière des visiteurs y est naturellement sollicitée.
Avec l'aide de jeunes bénévoles et de quelques adultes,
il a organisé le débroussaillage des talus menant à
la grotte, l'entretien de celle-ci et de l'allée y menant.
Actuellement, le frère René vit en communauté avec
trois confrères qui résident à la " Maison Blanche
". Leur apostolat concerne essentiellement le Sanctuaire Frère
Mutien-Marie. Mais René ne néglige aucune tâche
" Ayant appris à mettre la main à tout comme fils de
fermier et surtout comme missionnaire constructeur, je m'occupe de la
culture du potager, de l'entretien du parc, de l'étang. Sacristain
au sanctuaire, cuisinier en communauté par moments, j'ai de quoi
occuper mon temps. La maison est grande et j'y ai aménagé
un local de classe ou je donne du néerlandais aux élèves
ayant des difficultés ou des leçons à des plus petits
". Chaque année, durant trois mois, le frère est au
service des étudiants roumains en stage à l'Ecole Normale
(HENaC). La Maison Blanche est un peu leur " chez soi " en dehors
des cours. Il leur donne des leçons de français, s'occupe
de leur cuisine et les week-end ou jours de congé, ils travaillent
avec lui dans la maison, la propriété, chez des personnes
âgées, malades, isolées à Malonne ou à
l'extérieur. " Nous nous faisons jardiniers, peintres, menuisiers,
terrassiers, etc. Ces jeunes sont enthousiastes, courageux et, en dehors
du coup de main, ils apportent bien de la joie, de la jeunesse en communauté,
sans oublier les conversations, les discussions enrichissantes pour eux
et pour les frères ".
Etre religieux.
Frère René Gielen rappelle que, dans le cadre de la vie
de la communauté, il a pour principale mission d'entourer les groupes
de pèlerins venant des quatre coins du pays et des pays voisins.
" Les accueillir, les guider, leur parler, leur proposer un prêtre
pour l'eucharistie
Le message que j'essaie de faire passer est
celui de l'Evangile, illustré par des exemples, des faits concrets
et vécus. Bien sûr, le saint frère Mutien-Marie est
le premier exemple cité. Je m'adapte à l'auditoire mais
l'exposé tourne toujours autour de trois " S ". Simplicité
devant le Seigneur " comme des enfants ". Service : le Seigneur
dit lui-même " Je suis venu pour servir et non pour être
servi " et Gandhi assure que " La plus grande richesse de quelqu'un
consiste dans ce qu'il a fait pour les autres ". Sourire, c'est-à-dire
être toujours de bonne humeur et content de rendre service. Pour
moi, ces 3 " S " sont importants lors de mes nombreuses visites
ou en portant la communion ".
Frère René est un " lève-tôt ", habitude
du Congo et il ne le regrette pas. " J'y tiens car ces quelques heures
de 5h à 8h sont consacrées aux intentions de tous ceux qui
ont demandé une prière, un souvenir près du Seigneur.
Je les passe en notre chapelle et à 8h nous récitons l'office
en communauté, l'oraison et l'Eucharistie qui donne force et enthousiasme
pour accomplir le " terrible quotidien ", comme disait le jeune
Jean Berchmans. Saint Paul nous dit " que chacun mette ses talents
au service des autres (
) mais qu'en toute chose le Seigneur soi
loué ". Voilà ce que nous tâchons de réaliser
en communauté ".
Et si vous demandez au frère René quel est son projet pour
l'avenir, il répond simplement mais avec conviction : " Continuer
sur ma lancée en disant comme André Sève :
" J'aime ce que je suis.
J'aime l'endroit où je vis.
J'aime ceux avec qui je vis.
J'aime ce que je fais.
Je suis bien, Seigneur, près de Toi et je vais vers Toi ".
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