Deux mots familiers aux gens de Malonne et qui ne sont pourtant pas synonymes
: Marlagne désigne un massif forestier qui s'étendait jadis
du confluent de la Sambre et de la Meuse jusqu'à Bois-de-Villers
au Sud, Sart St-Laurent à l'Ouest ; Vecquée désigne
un bois de 260 Ha. contenu entre la ligne à haute tension passant
à la Gueule du Loup près du chemin de Corbeaufosse et s'étendant
jusqu'au Crestia à l'Ouest, Bransart au Sud et le bois de Cabaca
également appelé petite Vecquée.
Marlagne vient de Magalona qui signifie grande forêt, un terme probablement
d'origine gauloise. Vecquée trouve son origine chez un prince-évêque
de Liège dont Malonne fut un fief jusqu'à la Révolution
Française.
Propriété de ...
Confisquée en 1796 par le Directoire - comme tous les biens des
institutions religieuses-, elle fut mise en vente en 1826 mais resta sans
acquéreur jusqu'à la fin du siècle. Ce n'est qu'en
1899 que l'Etat la racheta.
Actuellement, elle relève de la Région Wallonne qui la gère
; ce qui, à part la localisation des bureaux à Jambes, n'a
rien changé au fonctionnement de son administration.
Sol et couverture forestière
Une petite partie située le long de la Navinne, en face du bois
de Saint Berthuin, partie communale d'ailleurs, est seule considérée
comme forêt naturelle. Elle comporte principalement du taillis de
charme et est classée site Nature - 2000, ce qui implique que seuls
y sont permis des travaux de sécurisation.
Le reste de la couverture forestière n'a plus grand chose de naturel.
Pour 70%, elle se compose de hêtres, de chênes du pays, d'érables,
de chênes rouges d'Amérique, essences très à
l'aise dans les sols acides et de grès, mais qui sont d'ailleurs
de deuxième qualité étant donné l'absence
de sols profonds, l'exposition nord est peu favorable à la croissance
des feuillus exposés en plus à la gélivure. Les pins,
à concurrence de 30% couvrent les environs du fort où ils
trouvent un terrain favorable.
Des feuillus mieux adaptés s'enracinent dans le bas de la pente
située derrière les maisons qui s'alignent le long de la
route Namur-Charleroi où le sol arable est plus profond et plus
riche.
Sur tout le plateau, la roche est affleurante et on trouve encore, le
long de la route qui mène à la tour d'aération du
fort, des traces de petites carrières qui ont longtemps été
exploitées par les habitants. Carrières de grès et
de sable : c'est en 1934 que fut introduite la dernière demande
d'extraction.
Notons, en passant, que ce sol de la Vecquée contenait des dépôts
de limonite, une espèce d'argile contenant de l'oxyde ferreux,
quelques veines de charbon et qu'on y fabriquait aussi du charbon de bois.
Actuellement, le renouvellement de cette couverture forestière
est très étudiée, ceci afin d'optimaliser les plantations
au maximum. C'est la Division de la Nature et des Forêts (DNF) de
la Région Wallonne qui gère les lieux en fonction de cartes
géologiques précises. On ne plante pas n'importe où
ni n'importe quoi : suivant l'exposition, la composition du sol, la profondeur
de la couche arable, on choisira le hêtre, le chêne du pays
ou le rouge d'Amérique, les douglas ou le mélèze.
Ce n'est que dans 40 ou 50 ans que la rentabilité sera intéressante
car les bois actuels sont truffés d'éclats d'obus (siège
du fort en 1940) et de bombes (bombardement de la gare de Ronet) qui oblitèrent
très fort le marché.
La faune
Le fort de Malonne est devenu depuis quelques années l'habitat
protégé de chiroptères - ou chauve-souris - qui trouvent
là des conditions idéales de température, d'humidité
et de ... tranquillité.
Le chevreuil est abondant : on peut compter de 20 à 30 têtes,
suivant les années. Depuis un an, le sanglier a refait son apparition.
Quelques lapins, des lièvres et un peu de faisan en bordure de
plaine échappent encore à la dent du renard très
à l'aise dans ce biotope environnant comptant vieux vergers, vieilles
granges et terrains abandonnés.
Bécasses, salamandres, crapauds et quelques grenouilles occupent
les trous d'obus et de bombes. Le blaireau est revenu récemment
habiter des crevasses du versant nord ; fouines et belettes complètent
la panoplie. La chouette hulotte garnit les parties boisées tandis
que l'effraie préfère les fenils et granges qui bordent
les bois.
La chasse
Totalement interdite jusqu'il y a peu, elle est à nouveau permise
sauf sur le plateau central. Mais elle est limitée : seuls sont
pratiqués l'affût et l'approche, les battues étant
sans intérêt ; mais pas les dimanches ni les mercredis après-midi
par crainte d'accident avec les nombreux promeneurs, ce qui n'empêche
d'ailleurs pas quelques inconscients parmi ces derniers de négliger
les consignes et de s'exposer ainsi à des conséquences dommageables
: seul le tir à balles est autorisé pour le grand gibier
et les portées vont de 1 km à 1 km 1/2.
Les travaux de l'agent des forêts
Ils sont fonction des saisons : à partir de fin janvier jusqu'à
fin mars, marquage des bois, éclaircies, surveillance des exploitations
et du débardage, plantations établies sur des périodes
de 8 ou 12 ans, contrôle des chasseurs, des gardes privés
assermentés, surveillance des nombreuses activités sportives
dues à la proximité de la ville et prise en charge de la
conservation de la nature qui devient de plus en plus importante
Les ennemis, les inconvénients
C'est au comportement humain qu'ils sont dus pour l'essentiel : pollution
atmosphérique et ses pluies acides ; changements climatiques qui
provoquent des maladies comme celle du hêtre par exemple ; risques
d'incendie en périodes de sécheresse (pas d'eau si ce n'est
une petite source dans la côte de Bauce et une autre à 300m
de la Gueule du Loup).
D'autres pressions sont encore dues à l'homme : dépôts
d'immondices (surtout depuis l'obligation d'utiliser des sacs sélectifs),
circulation intempestive de véhicules à moteur, abondance
des promeneurs pas toujours soucieux d'emporter leurs déchets ou
de tenir leurs chiens en laisse ; piétinement qui provoque une
érosion du sol et une mise à nu des racines et, enfin braconnage
qui, s'il est occasionnel, n'en est pas moins réel.
Un petit coin de paradis !
Il n'en reste pas moins que ce patrimoine forestier est un bien inestimable
et que les habitants de Malonne, comme ceux des environs d'ailleurs, ont
beaucoup de chance de l'avoir à portée de la main (ou du
pied !).
A eux d'apprendre à connaître son visage à travers
les saisons, à en profiter dans le respect de ce biotope dont les
nombreuses essences et une multitude d'arbustes sauvages sont les gardiens
et protecteurs d'insectes, d'oiseaux qui y trouvent là leur bonheur.
Joseph Lorant
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