Un éducateur, par ailleurs " marcheur de l'entre Sambre et
Meuse " propose à ses collègues d'aller assister à
la marche traditionnelle du 15 Août à LE ROUX. De fil en
aiguille, au cours de la discussion, il émet même l'hypothèse
d'aller marcher " avec " la compagnie de Le Roux.
Après accord explicite bien qu'un peu sceptique du directeur, les
collègues sourire amusé aux lèvres regardent notre
ami Laurent, déjà original mais fiable aux yeux de ses responsables
par la création au sein de Reumonjoie d'une unité scoute
prendre le téléphone et proposer à la compagnie de
Le Roux un petit groupe de grands garçons qui n'ont jamais marché
mais qui seraient enchantés de pouvoir tenter l'expérience.
Et les interlocuteurs, très compréhensifs et conviviaux,
acceptent
C'est ainsi que huit jeunes et quatre éducateurs se retrouvent
enrôlés dans la Compagnie des Grenadiers de Le Roux.
De cette activité d'un jour va naître un projet pédagogique
à long terme.
" Favoriser grâce au folklore régional wallon authentique
l'intégration sociale de jeunes atteints d'un handicap. "
Ce qui semble une évidence aux yeux de certains ne l'est pas pour
tous y compris du moins au début les éducateurs eux-mêmes.
Apprendre à marcher au pas, manier les armes, comprendre et respecter
les commandements, prendre soin de son arme et de son costume, s'intégrer
parmi les autres marcheurs, apprendre le sens du mot discipline et l'effort
prolongé, expérimenter le coût de la vie (les jeunes
qui souhaitent marcher doivent " louer " leur costume
)
Tout cela demande autant d'heures de préparation avant une marche
que d'organisation et de rangement après celle-ci. Mais l'enthousiasme
des jeunes, les encouragements de la direction, le plaisir de voir la
satisfaction sur les visages des enfants incitent les éducateurs
à poursuivre ce projet.
Contact est pris avec Le Roux . Les éducateurs vont défendre
avec enthousiasme, devant les responsables, le projet qu'ils ont élaboré.
Ceux-ci acceptent de parrainer la nouvelle compagnie : les Grenadiers
de la Jeune Garde de Reumonjoie. Toujours en 1988, un drapeau est offert
après la lecture d'une charte d'intégration officialisée
dans le domaine de Reumonjoie tant en présence du bourgmestre de
Fosses, flanqué d'échevins et sympathisants, que du président
de l'asbl St J.B. de la Salle, pouvoir organisateur de Reumonjoie accompagné
de la direction et signée par les deux parties.
Les éducateurs responsables du projet iront même plus loin
dans leurs démarches : un costume de marcheur coûte très
cher, Reumonjoie dont les subsides étroits sont réservés
à des activités plus économiques et ordinaires n'a
pas les moyens de financer la location et encore moins l'achat. Qu'à
cela ne tienne : les animateurs feront appel à tous les sponsors
possibles et le jeu en valant la chandelle, la direction aide à
introduire et appuie sans réserve la demande de subvention à
la loterie nationale jusqu'à son obtention après visite
sur place et enquête approfondie de l'inspection ad hoc mais le
résultat seul compte aux yeux des amateurs :la Compagnie possède
à l'heure actuelle 18 costumes complets de grenadiers !
Pourquoi des grenadiers à Malonne? tout simplement pour répondre
au choix des jeunes plus attirés par cet uniforme parce qu'ils
l'ont déjà porté une fois et qu'ils le connaissent.
Ce travail de longue haleine, certes, mais combien enrichissant, permet
à tous ces garçons de se sentir valorisés et reconnus
aussi bien dans leur entourage proche que dans la société
plus générale à commencer par les spectateurs malonnois
dont le regard change au vu de leur comportement social.
La plus belle des récompenses pour ces jeunes comme pour leurs
éducateurs est sans doute celle d'être invités à
marcher à l'extérieur de Malonne : la Jeune Garde a marché
à la Saint-Feuillen en 1998, à Auvelais, à Vedrin,
et chaque année à Le Roux.
Puisse-t-elle encore sillonner longtemps les rues de Malonne et d'ailleurs
avec
autant d'enthousiasme et de fierté, de courage et aussi de plaisir.
BH .
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