La Mamma : un fameux pari réussi !

Le Viagra est une invention récente : la fameuse petite pilule bleue a été commercialisée pour la première fois le 15 avril 1998. Mais n'allez pas en déduire que l'impuissance masculine soit un phénomène récent ! Fin février 1957, le tout Paris ne parlait que de cela…
Quel rapport, me direz-vous, avec Les Vrais Amis ? C'est que l'impuissance est au cœur même de l'intrigue de la pièce La Mamma, qu'ils nous ont proposée ces 9, 10 et 11 janvier.
C'est le 22 février 1957 que fut créée cette pièce, au théâtre de la Madeleine, avec Elvire Popesco dans le rôle titre. Il n'était pas évident - surtout à cette époque - d'écrire une pièce sur un tel thème, de faire rire et réfléchir tout à la fois, en évitant les écueils de la facilité, de la vulgarité et de la pédanterie. Pari un peu fou donc, mais pari réussi : jamais l'intrigue ne faiblit et les moments d'émotion ne cessent d'alterner avec les épisodes drôles. La pièce fut un véritable triomphe, puisqu'elle connut alors 750 représentations ! Il faut dire que son auteur n'était pas n'importe qui : André Roussin, mort en 1987, fut élu membre de l'Académie Française en avril 1973.
La pièce, librement adaptée du roman de Vitaliano Brancati, Le bel Antonio, se déroule en Sicile, dans la ville de Catane, au début des années 50. Elle dresse le portrait d'Antonio Magnano, célibataire convoité par toutes les femmes… et dont le mariage dévoile l'impuissance. Lorsque le beau-père d'Antonio apprend la chose, il n'a plus qu'une idée en tête : faire annuler par l'Eglise ce mariage non consommé. Avec l'aide de son mari, Alfio, trop tôt disparu, de Gildo, son frère, et d'Aldo, son deuxième fils, Mamma vaincra tous les obstacles : un véritable miracle se produira même.
Mais si l'écriture de cette pièce avait été un pari pour André Roussin, son interprétation par Les Vrais Amis en constituait un autre : habitués à interpréter de magistrale façon vaudevilles et pièces de boulevard, se sentiraient-ils aussi à l'aise dans une pièce telle que La Mamma ? Dès le lever du rideau, le ton était donné : le décor, un des plus beaux de ces dernières années, tout en chaleur méditerranéenne, laissait présager que la qualité serait au rendez-vous, ce qui fut confirmé tant par la précision de la mise en scène que par la justesse de l'interprétation !
Et le public, comment allait-il accueillir ce défi ? La chaleur et la vigueur des applaudissements qui saluèrent les trois représentations ne laissent aucun doute : le pari a été relevé haut la main ! Gageons que la société des Vrais Amis, cette jeune fille bientôt centenaire, nous réserve encore de nombreuses surprises dans les mois et les années qui viennent !
Si vous disposez déjà d'un agenda 2005, réservez le week-end des 18,19 et 20 mars : Madame Sans-Gêne sera sûrement encore un grand moment de la tradition théâtrale de Malonne. La version originale - qui date de 1893 - durait quatre heures, nécessitait 56 comédiens et de nombreux figurants : comment donc vont-ils s'en sortir ? Faisons-leur confiance !
D'ici-là, n'oubliez pas d'aller les applaudir les 23 et 25 avril de cette année, dans Espèces menacées, une comédie époustouflante de Ray Cooney, dans une adaptation de Michel Blanc et Gérard Jugnot. Cette adaptation a triomphé au Théâtre de la Michodière pendant trois années consécutives et a été nommée deux fois aux "Molières" en 1998 et 1999 ! Excusez du peu…

Photos : Roger Legrain