A Malonne, le chur grégorien va fêter ses 20 ans d'existence
et ses bientôt 70 concerts donnés dans le Namu-rois surtout,
mais aussi à Charleroi, en Ardennes et dans les pays rédimés.
Les débuts.
C'est
à l'initiative de quelques professeurs de Saint - Berthuin, séduits
par la cantilène grégorienne qu'a germé l'idée
de chanter en public quelques belles mélodies de plain-chant.
Ont répondu à cet appel des amis, frères et laïcs,
rejoints par la suite par d'autres personnes que tentait cette forme de
chant universel.
Actuellement, une douzaine de personnes entoure J. Franssen, le maître
de chur.
Qu'est-ce que le Grégorien ?
Répondre à cette question d'une façon importante
demanderait des développements fort longs et que résument
d'ailleurs deux petites brochures rédigées par J. Franssen.
Relevons, pour l'essentiel, que le chant grégorien est un chant
qui se veut pauvre, axé sur une seule voix, hum-ble, ne cherchant
pas d'effet, de mélodies et de formules simples qui se répètent
comme un chant incantatoire, visant à faire naître la paix
intérieure et la contemplation pour les personnes qui le veulent.
Au cours de sa longue route de 16 siècles, cette cantilène
s'est progressivement constituée d'éléments très
di-vers : liturgie hébraïque, mélodies populaires locales,
influence de la science musicale grecque, de textes de l'Ancien et du
Nouveau Testaments, rythme et accentuation spécifiques du latin.
Chaque époque a inventé sa manière de prier en grégorien
et a laissé des traces qui continuent, d'ailleurs, à pré-senter
une extraordinaire diversité d'expression.
Le choeur grégorien de Malonne a opté pour une manière
proche de Solesmes, c'est-à-dire un chant léger, doux ,
priant, mais humain pour éviter l'angélisme.
Pour apprécier ce chant, il faut dépasser une certaine monotonie
apparente, écouter, comme dirait le Petit Prince, avec le coeur.
Il se veut à la fois prière et art. Et ce n'est qu'en associant
ces deux caractères que l'auditeur devient capable d'en saisir
le souffle intérieur, la profondeur contemplative qui l'habite.
Loin d'être un simple genre musical, le grégorien est une
musique, mystique, fascinante qui ouvre la porte à la spiritualité
et à l'intériorité.
Les concerts.
Après des débuts modestes et tâtonnants, le choeur
grégorien ira " de village en ville, de chapelle en église
et en basilique " avec un toujours plus grand plaisir de chanter
pour les choristes et d'écouter pour les auditeurs..
La préparation en est minutieuse. Attentif aux avis de ses compagnons,
le maître de choeur choisit les pièces soit en fonction d'un
thème comme " Mort et Résurrection " ou "
Florilège à Notre-Dame ", soit en vue de faire percevoir
l'origine ou l'évolution de cette cantilène.
Le groupe ne se réunit qu'en vue d'un concert. Les répétitions
sont alors hebdomadaires et généralement très suivies.
Les exigences du maître visent à une maîtrise de la
voix, à la réalisation d'une unité de voix au départ
différentes mais appelées à se mouler, à partir
et à rester ensemble, sans appuyer, sans traîner et en gardant
le ton.
Confrontés à une discipline importante, les choristes l'acceptent
de bonne humeur et reconnaissent le plaisir qu'ils retirent de ce chant
" qui fait du bien, qui conduit à des moments de paix, de
sérénité ".
Malgré le travail ardu qui l'a précédé, le
concert se passe sans tension, dans une forme d'abandon. Il dure une heure
environ, les applaudissements sont réservés à la
fin pour éviter de briser l'ambiance d'intériorité
qui a été recherchée.
Souvent, quelques pièces d'orgue émaillent le programme,
permettant aux choristes de reposer leur voix et aux auditeurs de rester
dans l'atmosphère de recueillement.
Quelques réflexions d'auditeurs
" Je me serais cru au paradis " dit une personne.
" J'ai vécu une heure de paix, de distance par rapport à
tous mes problèmes de vie " dira un autre.
" Le chant est si doux, si bien lié, sans éclat inutile
" remarque une troisième tandis qu'une autre personne dira
percevoir dans ces mélodies " un chant qui construit, qui
structure ".
Plusieurs diront simplement merci avec un vrai sourire de bonheur.
Quelques questions aussi !
Pourquoi a-t-on écarté de nos offices une forme de chant
qui a fait résonner ses mélodies durant près de 15
siècles, résistant à l'usure de l'histoire ?
Le renouveau liturgique déjà souhaité par Pie X (1903-1914)
et Pie XII (1939-1958) visait une participation pastorale plus active
de tous les fidèles. Et Vatican II, dans un texte largement approuvé
par l'assemblée conci-liaire, invitait à traduire la liturgie
dans la langue du peuple.
Le grégorien a-t-il un sens en dehors des offices religieux ?
Certains ne le voient pas. Mais l'option du Choeur Grégorien de
Malonne est de créer, en dehors des offices religieux " des
moments de voyage intérieur vers le centre lumineux de notre être
" où chaque auditeur prend ce qu'il veut ou ce qu'il est prêt
à prendre.
Pourquoi le C.G.M. ne se veut-il pas chorale paroissiale ?
Même s'il considère que le grégorien est un patrimoine
inestimable de notre culture et la source probable de toute notre musique
occidentale, le C.G.M. n'est pas un inconditionnel du grégorien
qui est un chemin de prière. Il ne prône ni un pas en arrière,
ni un retour aux offices grégoriens anciens.
Par contre, il intervient dans une cérémonie traditionnelle
si la demande lui en est formulée.
Vingtième anniversaire
Pour fêter cette longue période d'efforts et de joie, le
C.G.M. organisera le 30 novembre à 16 h. en la chapelle de l'Institut
un concert qui présentera un florilège des vingt plus belles
pièces de son répertoire.
Des affiches rappelleront prochainement cette manifestation et en fourniront
les détails.
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