BILLET d'HUME(O)UR
J'imagine aussi qu'ils ont rapporté des souvenirs ineffaçables et que la disparition actuelle de la " fête à voitures " fait naître en eux un peu de nostalgie et de regret.
J'imagine enfin que la grande majorité de nos concitoyens n'ont jamais pu goûter à ce plaisir, si ce n'est par petit écran interposé et seulement quand les commentaires enthousiastes des journalistes laissaient la place aux " doux bruits " de la fête.
Eh bien, cette nostalgie et ces regrets vont bientôt prendre fin. Cette " harmonie automobile " à com-mencer à s'installer chez nous en plein coeur du village.
Il suffit à ces nostalgiques de s'installer aux abords de la rue Massart, une petite rue jadis insignifiante qui s'embranche sur la rue du Fond et d'Insevaux, passe devant les locaux scouts, poursuit devant l'école St Joseph, où plus ou moins 350 enfants entrent et sortent, et se faufile ensuite dans un goulot plus étroit en forme de S qui rejoint la rue du Grand Babin.
Nous devons cette bénédiction en partie à l'administration communale qui, soucieuse de l'intensité du trafic qui s'installait aux heures des entrées et sorties de classe dans la rue du Fond et la rue d'Insevaux, a eu la bonne idée d'installer une demi-douzaine de plateaux. Et c'est bien vrai que si ces plateaux réduisent les chances de rencontres intempestives avec les écoliers et les voitures, ils en constituent néanmoins des obstacles désastreux pour les apprentis Fangio-Shumi et Cie et à leurs amortisseurs.
Heureusement, ces amoureux purs et durs de la vitesse ont trouvé une parade partielle à ce handicap (l'inventivité humaine n'a pas de limite !)
Arrivés quelques mètres au delà de la jonction de la Navine et de la route du Fond, ils rencontrent une espèce d'étranglement qui partage le trafic entre la route d'Insevaux et la rue Massart.
Franchir cet étranglement à " la papa " ne révèle aucun mérite. Par contre, s'engager d'un seul coup de volant dans cette petite rue avec décision, audace et tout et tout, fait déjà preuve de virilité et se savoir-faire important. D'autant plus que cette espèce de chicane conduit directement à une montée respectable où les candidats-champions peuvent à loisir et la joie plein le coeur faire ronfler leurs moteurs, changer deux ou trois fois de vitesse en emballant la chanson des pistons.
Leur audace les amène rapidement sur un plat face à la salle paroissiale où des voitures garées et quelques élèves en ribote, sans doute, leur donnent l'occasion d'exercer leur dextérité. Il n'y a d'ailleurs que deux sorties de l'école sagement protégées par une jolie barrière un peu branlante où les enfants, assoiffés de mouvement aux sorties de classes, se balancent gentiment avec ou sans parents et qui ne représentent donc guère de danger de casse pour les carrosseries. Les risques sont donc mini-mes et les tours de moteur peuvent conserver leur haut vol.
Mais la fête n'est pas terminée. La route continue, toujours bordée de voitures et, à certaines heures, de parents et d'enfants, vers plusieurs lacets qui s'insinuent entre un mur de briques et de pierres, et des maisons habitées, pour se terminer par un tournant à 90°, ce qui donne à nos champions l'occasion d'utiliser leurs freins en laissant sur le tarmac de belles traces bien noires.
En prime, les futurs champions reçoivent maintenant, et parfois jusque tard dans la nuit, les applau-dissements heureux des deux dernières maisons. Je me suis laissé dire (mais on dit tant de choses) qu'un de ces occupants qui a passé 25 ans de sa vie le long d'une ligne de chemin de fer a retrouvé chez nous le sursaut joyeux qu'il connaissait dans son sommeil à chaque passage de train de mar-chandises.
En fin de parcours, la rue Massart rejoint un endroit plus ouvert à la Taille des Sarts. Certains con-ducteurs, un peu essoufflés par la tension nerveuse (comme on les comprend!) décident alors de re-joindre la rue d'Insevaux ou de continuer vers le Grand Babin.
L'histoire ne s'arrête pas là. Une indiscrétion nous apprend que certains hommes politiques, soucieux de la rentabilité touristique du coin pensent organiser une fois par trimestre un circuit qui ramènerait les champions par la route d'Insevaux au point de départ. La prime d'engagement, tout comme le prix des places sur le parcours serait d'abord minime et, en partie versé, à une ASBL d'aide aux handica-pés de la route.
Il est heureux de constater que ces édiles communaux ont eu le courage d'ignorer les plaintes et les demandes des riverains qui n'avaient dans leur lorgnette que leur bien-être personnel au détriment de l'intérêt public et de l'esprit de compétition dont notre société a tant besoin.
Une enquête de commodo et d'incommodo sera malgré tout menée avant de passer à la réalisation du projet.

NDLR : Au moment de mettre en page ce texte, les habitants de Malonne ont reçu Namur-Magazine et ont pu lire en page 74 sous la rubrique " Travaux en cours et à venir" que la rue J. Massart dont il est longuement question dans le texte ci-dessus sera aménagée prochainement en zone 30.
Dont acte.