La
chorale du Fond
Robert Smet a beaucoup d'enthousiasme pour la chorale du Fond. Il vous
en parle avec ferveur.
" La chorale paroissiale du Fond est un groupe d'amis et d'amies.
Nous nous embrassons en arrivant à la répétition.
Nous participons
aux joies et peines de nos couples et de nos familles. Nous fêtons
sainte Cécile, sans nous demander si elle a vraiment existé.
Cette chorale est aussi un groupe de croyants fidèles, réguliers
et épatants. Il ne leur est pas facile de quitter la maison, en
plein hiver, en plein match de foot télévisé, pour
répéter une heure, le jeudi soir, à la chapelle du
Frère Mutien. Enfin, il faut souligner que cette chorale n'est
pas là pour donner un concert hebdomadaire à écouter
passivement. Nous tenons à prier nos chants. et à soutenir
la prière de la communauté. Je rêve de voir chaque
dimanche une église pleine qui chante avec autant de coeur qu'à
la chapelle de Saint-Berthuin le 30 janvier ! "
C'est avec toute sa personne que Robert dirige ; par ses gestes, il a
donné du souffle et a permis de moduler de belles voix pendant
20 ans. Quand il se tourne vers l'assemblée, il éveille
les voix timides et les élève pour la prière. Cela
exige beaucoup d'énergie ; alors, souvent la cravate prend du recul
et le veston se sent de trop.
Robert aime diriger mais ce service dominical n'est possible que moyennant
la collaboration de beaucoup de personnes.
"D'abord, je souligne la confiance que le clergé nous accorde.
Il ne nous impose jamais un chant et apprécie le service rendu.
Après tout, il aime aussi le vin et sainte Cécile.
Je rends hommage à l'organiste, Albert Pierson. Quelle régularité
à la tâche ! Quelle souplesse quand on lui demande s'il veut
bien descendre d'un ton, par pitié pour les soprani ! Je souligne
aussi le rôle discret mais efficace des époux Milet.
Quand l'un assure avec un sérieux romain la garde des archives
et trie les partitions minutieusement, l'autre tape à l'ordinateur
les textes qui aideront les fidèles à participer aux célébrations
dominicales. Il y a la collaboration précieuse aussi d'André
Debources, qui anime les chants en mon absence. Enfin et surtout, il y
a la collaboration de chaque membre, homme et femme, soprano, alto, basse,
ténor. Un chef d'orchestre sans orchestre a l'air aussi fin qu'une
cage sans canari. Chacun est donc important.
Le choix des chants.
Pendant plus de dix ans, je suis allé à Aye, à la
chorale "Peuple qui chante", pour apprendre les nouveaux chants.
Nous les enregistrions sur cassettes pour des paroisses catholiques et
protestantes. J'ai pris également contact avec la chorale calviniste
de Namur, qui célèbre en français depuis quatre siècles
; avec l'abbaye de Chevetogne ; avec la communauté cuménique
de Taizé, le Centre diocésain, la revue "Signes d'aujourd'hui",
autant d'outils bien pratiques. Il faut savoir que l'Eglise catholique
connaît une activité extraordinaire de composition de textes
et de création musicale. Il faut choisir de beaux chants mélodieux,
appréciés par les choristes et abordables par l' assemblée
qui participe à l'Eucharistie. Les choix seront en relation avec
les extraits bibliques de la liturgie de la Parole. Il s'agit donc de
méditer celle-ci, de repérer le thème commun aux
trois textes de chaque dimanche, proposés par le Concile Vatican
II.. Depuis, nous avons un choix remarquable de textes bibliques, une
création musicale étonnante, une liberté de choix
en fonction des sensibilités et des possibilités vocales.
La chorale paroissiale n'est pas une institution figée mais un
organisme vivant. Les uns viennent, d'autres partent. Je fais donc appel
aussi à des voix nouvelles, à des personnes qui accepteraient
de participer avec régularité à ce service communautaire
qu'est le chant religieux."
Robert a un tempérament d'artiste et l'énergie pour faire
profiter la communauté de ses dons.
"Je crois enfin devoir souligner l'importance du beau en religion.
Le beau peut mener à Dieu. Les religions ont toujours une complicité
avec les arts : architecture, peinture, sculpture, musique, vitrail, art
floral, expression corporelle. Il existe en effet de multiples expressions
du beau et du beau religieux, que ce soit dans le grégorien, dans
le négro, dans le chant syncopé, dans la polyphonie.
Il importe aussi qu'une célébration religieuse soit de qualité
à tous les niveaux : espace architectural, sonorisation, chants,
instruments musicaux.
Les lectures, l'homélie, les moments de silence ont une valeur
religieuse fondamentale. Mais la présence active des chrétiens
donne du sens à la célébration."
La chorale du Piroy
A la veillée de Noël, un petit mot d'accueil de la chorale
nous livre sa raison d'être. "En chantant ensemble ce en quoi
nous croyons, nous pouvons vivre plus intensément des relations
véritables entre nous et avec Dieu. Pour dire ce que nous vivons,
les mots sont parfois difficiles ; quelques notes nous aident à
partager autrement et à rallumer notre flamme intérieure."
Alors,
le geste précis d'Anne-Cécile Dulière libère
les voix de ses choristes et les fait "pétiller" comme
duchampagne ! Son sourire est un cadeau et chacun se sent invité
à sourire en retour dans une ambiance heureuse.
La joie est présente au cur des chants et le message devient
alors une prière. Anne-Cécile dirige l'assemblée
par une gestuelle qui visualise et anticipe les fluctuations de la musique.
Célébrer ensemble prend toute sa dimension et c'est très
beau de sentir toute l'énergie qui se libère dans une communauté
qui célèbre.
Ce n'est pas la performance artistique qui est recherchée ; c'est
vraiment la joie d'être portés ensemble par la mélodie.
De cette étrange ambiance sonore surgit un mystère qui rejoint
notre quête du divin et celui de la communion entre les choristes,
l'assemblée et le célébrant. L'aspect relationnel
de la communauté est primordial pour Anne-Cécile. C'est
ainsi qu'elle invite les choristes à faire ressortir les sentiments
qui les habitent pour chaque partie de la célébration. Se
libérer dans le chant, c'est faire passer le message de l'accueil,
du pardon, des demandes, de l'envoi
Par des injonctions discrètes
à ses choristes, elle rend la pensée présente à
ce qui se vit.
Vous ne serez pas étonnés si je vous confie qu'Anne-Cécile
réalise son rêve de petite fille : "Jouer au chef d'orchestre"
! Elle s'y est bien préparée puisque de 7 à 18 ans
elle a étudié le solfège, le piano et la flûte
traversière. Mais je lui laisse la parole. "Diriger
cette chorale composée principalementde jeunes adultes, c'est un
vrai cadeau car il y a de belles voix, des compétences, beaucoup
lisent très bien les partitions de musique, certains s'occupent
de la rédaction des chants et c'est une chance d'être entourée
de vrais musiciens, de guitares, de flûtes, du piano.
Il faut aussi une certaine complicité, une confiance réciproque,
le respect de chacun avant d'exiger la régularité. Je préfère
bien accueillir ceux qui sont là ; cela stimule à la fidélité.
Chaque samedi, nous répétons 45 minutes avant la célébration.
Une ou deux fois l'an, nous nous rencontrons pour apprendre de nouveaux
chants. Fin août, deux ou trois heures de chant se terminent par
un souper fromage ; cela nous permet de parler un peu ! Pour le choix
des chants, nous "tournons" à quatre. On répartit
le travail en tenant compte des différentes sensibilités
par rapport à l'Evangile. Nos chants sont proches de la vie des
genscomme les récits de l'Evangile. On y parle beaucoup de l'amour,
la joie, la confiance, l'espérance et pas obligatoirement de Dieu".
Tout cet investissement suffit à la rendre heureuse car on sent
qu'Anne-Cécile s'épanouit dans ce monde dynamique de la
chorale. Les nombreux enfants qui viennent avec leur famille ont une merveilleuse
chance d'être imprégnés de cette joie de célébrer,
de cette motivation à apprendre un instrument de musique et d'être
encadrés par des catéchistes.
A la frontière du visible et de l'invisible, quelque chose se
construit pour les plus jeunes.
Ecouter les enfants chanter "Viens mélanger tes couleurs"
et les adolescents à leur confirmation "Donne-nous un cur
brûlant", c'est pour toute l'assemblée un vrai moment
de bonheur.
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