Installé depuis un quart de siècle, j'ai eu l'occasion
de parler avec les plus anciens de leur vie d'antan comme de leurs connaissances
sur leur quartier. J'ai aussi mes propres informations à fournir.
Sur un plan étymologique mais non vérifié, je me
suis laissé dire que CHEPSON venait de "chesson", endroit
forti-fié du temps des Nerviens. Ces endroits étaient entourés
de palissades construites en bois, si bien que les traces n'existant plus,
l'hypothèse est peu sinon pas du tout vérifiable.
Pic rocheux en partie entamé par l'exploitation de carrières,
les maisons qui y furent construites en premier lieu sont évidemment
toutes de pierre du pays.
Feu madame Madeleine Champagnac qui vécut ici pratiquement sa vie
durant racontait souvent que son mari avait construit leur maison après
la dernière guerre avec des pierres qu'il avait apportées
dans une brouette de la carrière toute proche.
Trois chemins desservent le quartier du CHEPSON: la rue du Chepson, le
chemin de Maupelin (ou Malpelin) et le chemin du Cortil-Brûlé.
Ces derniers sont situés sur la crête de la colline, bien
à plat, ce qui est loin d'être le cas pour la rue principale
qui, sans issue, se présente avec une déclivité telle
que les automobilistes préfèrent l'hiver laisser leurs véhicules
au sommet. Cette rue donne par ailleurs "en terminus" sur un
sentier qui descend au Malpas.
Le nom de Malpelin n'évoque rien chez les habitants actuels de
la rue. Par contre le cortil est, comme on le sait, le nom autochtone
pour "jardin". Au départ, selon d'anciens habitants aujourd'hui
disparus, le chemin du Cortil Brûlé était un sentier
qui a "rogné" sur les propriétés des riverains
pour devenir un chemin communal. Un des riverains m'a affirmé avoir
reculé sa clôture pour permettre un passage plus aisé
et n'avoir jamais été indemnisé pour ce "don".
Ces événements datent bien évidemment du temps du
bourgmestre Colon qui régna sur Malonne durant 55 ans.
Les terrains du Chepson étaient jusqu'au début des années
70 consacrés à la culture de la fraise. Bien exposés
au sud-sud-ouest, ils faisaient partie de ces quelques trente hectares
d'exploitation fruitière (en ce y compris les vergers) qui étaient
répartis ci-delà sur tout le territoire de l'ancienne commune,
et dont, disait facétieusement une de mes connaissances elle-même
exploitante, seuls 3 à 4 hectares étaient déclarés
comme tels.
Bien en contrebas de la colline, le château. Il est entouré
d'un mur d'enceinte bordant en partie d'ailleurs le sentier du Malpas
et sur lequel furent adossées, un temps, de grandes et magnifiques
serres. Il abrite maintenant plusieurs mé-nages. A l'entrée,
une conciergerie! Elle fut la proie des flammes pour partie au début
des années '90, pour autant que je m'en souvienne. Plus bas, toujours
dans l'enceinte, la maison du jardinier, élégant petit "cottage"
qui servit et sert encore de petit nid à de jeunes couples sans
enfant.
Deux autres "grosses" propriétés s'étalent
sur la pente ouest de la colline, tandis que de l'autre s'accrochent les
diffé-rents bâtiments et pavillons de Reumonjoie, dont le
terrain reste propriété des Frères des Écoles
Chrétiennes.
Et sur le haut, une spécificité. Une vieille demeure dont
le défunt propriétaire M. Magnet m'avait dit qu'elle servit
en son temps d'école et était - mais où commence
la légende et où finit-elle! - reliée au pensionnat
par un souterrain. Sa fille m'a confirmé l'existence d'un orifice
dans sa cave complètement bouché par son père qui
craignait que son en-fant ne s'égare dans un endroit qu'il jugeait
très dangereux. Etait ce un refuge, un début de cave, une
cachette, ou tout à la fois? Je ne suis jamais personnellement
allé sur les lieux, et je communique l'information telle que reçue
par les propriétaires du lieu.
Trois fermettes exploitaient jadis pour partie les campagnes environnantes;
l'une a gardé cet aspect rustique et se trouve le long du chemin
de Reumont, juste après l'entrée principale de l'IMP quant
on gravit la colline. Une autre a été transformée
en appartements multiples, tandis que la troisième installée
sur ce même plateau a été l'objet d'une étonnante
transformation par son propriétaire actuel: elle est à l'heure
présente un petit paradis pour enfants.
La Communauté française par le biais de l'Ecole autonome
fondamentale possède sur la crête plane un terrain qui servit
au football et au Grand Feu à une époque encore proche;
il était auparavant la propriété de la Commune qui
avait prévu (avant les fusions) d'y implanter une grande surface.
Pour la tranquillité des habitants du Chepson, ce projet fut heureusement
abandonné par la Ville de Namur qui revendit ce terrain à
la Communauté comme plaine de jeu pour les enfants de l'école
dite anciennement de l'État.
Une piste de pétanque fut construite dans les années '80
par les habitants avec un petit mur de soutènement, juste à
côté de l'édifice en pierre qui servait de fontaine
pour abreuver les bêtes mais surtout arroser les plants de fraisiers,
car l'eau, avant 1978 - année d'installation d'une nouvelle conduite
pour le nouveau lotissement - y était denrée rare si je
puis dire.
Ce terrain sert surtout actuellement de parking aux locataires des maisons
d'en face. D'autant que le propriétaire de la "maison des
enfants" a lui-même sa propre piste.
Chepson était au début des années '70 le refuge de
nombreux pensionnés qui furent remplacés au fil des ans
par de jeunes couples avec une moyenne de près de 3 enfants. La
tendance revient doucement à un équilibre; les pension-nés
bien installés dans leur petit coin ne comptent guère le
quitter et nos jeunes à l'époque de la mondialisation trou-vent
du travail ailleurs, les uns au Grand-Duché, d'autres en Suisse
ou même au USA.
Un afflux de nouveaux habitants avec la création des appartements
s'est constaté ces derniers temps. La rotation de ceux-ci fait
que tout le monde ne connaît plus tout le monde, loin s'en faut.
Il n'en est pas de même avec les proprié-taires qui ont tout
naturellement tendance à s'implanter dans un milieu social proche.
Mais il reste que l'individua-lisme cher à notre société
actuelle fait que le quartier qui a connu des heures de gloire se replie
sur lui-même. Trois organisations perdurent: deux soirées
d'hiver et d'été, et un week-end en gîtes d'étape
l'automne. Il est clair que c'est un bloc d'amis qui gère ces activités
plus que des habitants d'un quartier, si bien que pour les nouveaux -
venus, rien n'est simple sauf si l'on désire s'intégrer
coûte que coûte. Chepson ne participe plus à des activités
extérieures tant la vie interne suffit à d'aucuns et que
ceux qui la voudraient plus intense restent, me disent-ils sur leur faim,
mais sont pris par leurs activités propres.
Un quartier vit aussi de respect mutuel quant à l'intimité
d'un chacun, et je suis de ceux qui croient sincèrement que moins
on est "fourré" chez les voisins, moins les cancans ont
force de loi, et plus la joie de se voir est sincère et pleine.
Je n'ai certes pas été objectif au cours de ce petit exposé
sur le Chepson, d'autant que je suis devenu un de ses habi-tants qui lui
est le plus attaché. Mais j'y suis heureux dans un cadre qui m'offre
un point de vue extraordinaire sur des versants boisés et un calme
quasi monacal qui repose le corps mais aussi l'esprit.
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