Billet d'humeur
Pour l'heure, ils sont tous deux assis sur le siège arrière de l'auto, en partance pour une journée d'Ardennes, se livrant par gameboy interposé, à je ne sais quelle joute .
De temps à autre le jeu s'arrête, interrompu par une demande d'explications formulée par le cadet à son aîné . Ce dernier, accro à la partie, ne répond que par monosyllabes, ce qui ne satisfait pas son questionneur de frère qui ne lache pas le morceau et insiste .
Le ton du " savant " monte rapidement et finit par atteindre un niveau qui ramène l'autre " dans son trou " et dans un silence que j'imagine un peu douloureux.
Mon coeur de grand-père et mon expérience de vieux prof aidant, je tente une mission " bons offices "J'explique que si les questions se sont répétées, c'est que la réponse attendue n'a pas été clairement comprise et que teinter les dites réponses d'une tonalité coléreuse n'aidera pas à la solution, qu'il y fort à parier que seule la colère sera perçue, masquant encore un peu plus le contenu " objectif " attendu.
Le calme est revenu à l'arrière du véhicule, le silence aussi. Après quelques minutes, la voix de l'aîné reprend pied, sereine, paisible. Elle commence par un " Tu vois c.. " Suit alors une explication tranquille qui relance la partie.
Ma gorge se serre un peu et une légère brume me glisse dans les yeux: ce que j'ai mis des années, toute une vie peut être, à découvrir vient-il de passer?
L'humanité est-elle à reconstruire à chaque être humain? Peut-on en hâter la réalisation par transmission à certaines heures de grâce


Texte : L'escribouilleur .