Georges Etienne
Malonnois d'adoption depuis 8 ans mais avant tout, comme il aime à le dire, Malonnois de cœur puisqu'il a mis plusieurs années à trouver le nid qui lui convenait dans notre beau village. C'était Malonne ou rien d'autre car sa belle nature et son relief lui rappelaient son Ardenne natale. Il avoue qu'il y a trouvé à s'épanouir au travers des nombreuses associations culturelles et, avec son épouse Bernadette, ils s'y sentent très heureux.

Comment naît l'amour du théâtre ?

Aussi loin qu'il peut remonter dans ses souvenirs, Georges se rappelle qu'au moment de la St-Nicolas, l'instituteur du village montait un spectacle auquel participaient ses sœurs et frères aînés. Petit enfant, il les regardait avec envie et souhaitait grandir vite pour, lui aussi, monter sur les planches ; ce qu'il fit sans tarder.
Il se souvient avec bonheur de la tôle ondulée qui servait à imiter les coups de tonnerre. C'était de l'amateurisme en plein, mais ce fut le début d'une vraie passion.
Adolescent et élève d'un pensionnat à Natoye, il a assisté aux matinées classiques au Théâtre Royal de Namur et ce fut le premier contact avec le vrai théâtre, les beaux textes d'auteurs et les acteurs professionnels comme Marthe Dugard et Ralph Darbo qu'il admirait et enviait à la fois.
Au collège, on montait de petits spectacles où il participait comme acteur dans " Le Commissaire est bon enfant " mais aussi, il y fit ses débuts de metteur en scène sur des poèmes de François Villon. Bien plus tard, à Emines, papa de quatre enfants fréquentant l'école du village, il fut un membre actif de l'association de parents.
Pour alimenter la caisse de l'association autrement que par des bals et beuveries, il créa une troupe de théâtre aidé par un voisin, Freddy Bada, comédien et créateur du Théâtre de l'Escalier avec Jean Giart. Cette troupe, " Le théâtre de la tour ", existe toujours à Emines. Georges y a présenté de très nombreux spectacles dont le premier reste marqué dans sa mémoire. Il s'agit de " La noce chez les petits bourgeois " de Bertold Brecht qui était une pièce d'un seul acte et où tous les acteurs restaient présents sur la scène pendant toute la séance.
A cette époque, la troupe du Théâtre des Galeries se produisait régulièrement à Emines avant de jouer à Bruxelles. Ce fut une motivation supplémentaire pour les débuts de la troupe.

Enfin, ce fut Malonne et de nouveaux départs.

Assez rapidement, il fut sollicité pour animer diverses célébrations comme les messes de minuit au Piroy où il a mis en scène de petites pièces de circonstance avec de jeunes comédiens sans expérience.
Plus tard, pour préparer des jeunes confirmants, il leur proposa de monter un spectacle théâtral.
Le choix se porta sur l'œuvre de Paolo Coelho, " L'alchimiste ". Ce ne fut pas une mince affaire !
Comment traduire une œuvre littéraire relativement difficile en langage dramatique ? Comment créer les personnages pour faire participer tout le groupe et surtout comment transformer de jeunes adolescents en acteurs de théâtre ?
Que de patience, de persévérance, de répétitions pour aboutir au-delà des espérances. Grâce à la participation de nombreux bénévoles, deux représentations eurent lieu pour la grande joie de tous.
En 1998, le village fêtait le 13ème centenaire de la mort de St Berthuin et les cérémonies se clôturèrent par un magnifique spectacle : " Malonne se souvient ". En collaboration avec Philippe Moriamé, Georges mit au point le déroulement de cette soirée unique devant la toute grande foule. Il n'est pas prêt d'oublier ces moments grandioses et émouvants.
Pourclôturerl'année2000 d' " Osons nos différences " dont on sait que les objectifs étaient, outre la réalisation de divers projets, le développement et l'enrichissement des relations entre les habitants du village dans un esprit de tolérance et de respect mutuel, les responsables décidèrent la présentation d'un spectacle illustrant cet esprit.
A qui confier la création et la réalisation d'un tel projet ? A Georges ? Oserait-on ? Celui-ci accepta malgré les énormes difficultés que cela pouvait représenter.
Il faut avouer que, depuis longtemps, une grande idée couvait en lui. Comment exprimer les sentiments et les émotions qu'il éprouvait face aux grands problèmes du monde : les injustices qu'on retrouve partout, les inégalités entre pays pauvres et riches, le pouvoir absolu de l'argent et la domination des puissants.
Pouvait-on imaginer de changer cette situation ? Est-il permis de penser qu'un mouvement partant d'un petit groupe très motivé et agissant peut s'étendre au monde entier pour rétablir un ordre social et une plus grande justice ?
Georges a beaucoup réfléchi aux grandes " marches " de l'histoire, celle de Martin Luther King aux USA, celle de Gandhi en Inde, de notre " marche blanche " à Bruxelles.
De toutes ces réflexions est née l'idée du spectacle " Le cavalier du vent ". Lorsqu'on lui a posé la question, il restait six mois à Georges pour réfléchir, écrire le script, trouver les acteurs, organiser un calendrier des répétitions. C'était évidemment un temps très court et on peut imaginer les angoisses, les nuits blanches à réfléchir, les idées venues pendant les trajets en voiture qu'il faut noter pour ne rien oublier.
Constituer la troupe de quarante personnes, amateurs et pour la plupart sans expérience théâtrale, hommes et femmes, jeunes et vieux, ne fut pas la moindre gageure. Même s'il n'en a pas l'air, Georges est tenace et convaincant. Très vite, tous ont répondu présents ; petit à petit, les rôles se remplirent et quelques semaines avant la première, les répétitions purent commencer ; une réponse favorable parvint même des musiciens de l'Harmonie Royale Ouvrière pour participer.
Après beaucoup de tâtonnements, d'erreurs, de discussions, le groupe se soude et, comme le dit si bien Georges, on sent que la sauce monte ; c'est alors un moment magique.
Le spectacle a été présenté les 17 et 18 février 2001 à l'Ecole de la Communauté Française devant une salle comble. On peut dire que ce fut un véritable triomphe et les applaudissements auront récompensé tous les acteurs et surtout leur auteur.

Et dans l'avenir ?

Georges Etienne n'est jamais à court d'idées. Il lui reste beaucoup de choses à dénoncer : la pollution, la violence, la drogue, beaucoup de messages qu'il pourrait exprimer par le biais du théâtre.
Alors… attendons… Il y aura bientôt un certain anniversaire qu'il aimerait célébrer.

Roger Legrain